148                      . HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
Si les six pièces de-l'histoire de la Dame à la licorne, conservées jusqu'à ces dernières années au château de Boussac, et depuis peu acquises par le musée de Cluny, proviennent réellement des ateliers de l'Auvergne, comme on l'a quelquefois prétendu, elles font le plus grand honneur aux vieux artisans de Felletin et d'Aubusson. Mais, à l'appui des conjectures émises sur les origines de ces tapisseries, d'une originalité si étrange et d'un sentiment décoratif si puissant, aucune preuve, sérieuse n'a été produite jusqu'ici. Elles se trouvaient depuis longtemps dans la ville qui vient de les céder à notre musée parisien : voilà tout ce qu'on sait de leur histoire: Elles datent incontestablement des premières années du xvie siècle mais, comme elles ne se rattachent à aucun type connu, cette sin­gularité même déroute toutes lés hypothèses. Le choix du sujet est-il, ainsi qu'on l'a supposé, une allusion voilée aux vertus de la dame dont les armoiries, répétées sur chaque pièce, rappellent la maison lyonnaise des Le Viste? A ces questions il est impossible, jusqu'à nouvel .ordre, de répondre catégoriquement. Toute des­cription ne donnerait qu'une idée vague de ce monument unique. Nous, avons cru mieux faire en présentant une reproduction en couleur de la partie centrale de la tapisserie principale. Malgré les difficultés de la tâche, M. Pralon a su rendre avec un véritable talent les délicatesses et le caractère de l'original.
Les quinze tapisseries qui décorent la cathédrale d'Aix, et où se trouve représentée, en vingt-huit tableaux, l'Histoire de la Vierge et de Jésus-Christ, portent le millésime de 1511. Commandées, croit-on, pour l'Angleterre, dans un desateliers les plus fameux du temps, . elles ne. vinrent en France qu'après la mort de Charles Ier; elles avaient été acquises en 1656, pour la somme de 1,200 écus, par un chanoine qui les destinait à la cathédrale où on les voit aujourd'hui. Nous avons fait reproduire pour notre ouvrage, d'après la publication d'Achille Jubinal, la pièce où l'on . voit la Naissance de Jésus-Christ à côté d'une autre scène. . Le midi possède encore une très curieuse suite de la Légende de saint Martin de Tours, divisée en seize tableaux. Offerte à la cathédrale de Montauban par un de ses évêques, au commencement du xvi0 siècle, cette tenture appartient maintenant, on ignore pat-suite de quelles vicissitudes, à l'église de Montpezat, dans le Gard. Peu connue, elle est cependant comparable aux meilleurs ouvrages contemporains. Les légendes en vers français placées sous chaque